Plus que quelques jours avant le grand départ vers New-York !
Le bateau est tout juste à l'eau que le compte à rebours avant le départ de The Transat CIC est déjà lancé ! Pas le temps de niaiser, c'est bientôt le grand départ !
Cela fait un peu moins d'un mois que le bateau a été mis à l'eau et j'ai l'impression que c'était il y a des lustres tellement il s'est passé de choses.
Petit état d’avancement à moins de 3 semaines avant le grand départ vers New York ! ⬇️
Un mois de mars intense !
Depuis la mise à l’eau du bateau il y a un peu plus de 3 semaines, je n’ai eu qu’une seule priorité : naviguer, naviguer et naviguer. Tous comptes faits, j’ai passé bien peu de jours à terre et beaucoup de jours sur l’eau !
Il y a d’abord eu la reprise en équipage (merci à Brieuc Lebec, Cécile Andrieu, Benjamin Ferré et Nico Troussel qui sont venus me prêter main forte sur les premiers stages d’entraînement), puis la reprise des navigations de nuit (merci Jean Marre!) puis la reprise des sorties en solitaire et enfin les offshore en solitaire !
A un peu moins d’un mois de la course le bateau le bilan est très positif. Le bateau a été relativement éprouvé et tout a tenu : le travail fait cet hiver a porté ses fruits. Ma monture est prête et fiabilisée !
Pour ma part, j’ai repris des sensations sur l’eau dans pas mal de conditions différentes et - c’est suffisamment marquant pour le faire remarquer - je n’ai pas encore vomi en 2024. On part donc plutôt sur des bonnes bases.
Le mois de mars fut intense. Après 2 mois de chantier, le rush de la mise à l’eau et les 3 semaines de navigations de jour comme de nuit, la fatigue est bien présente. Désormais, jusqu’au grand départ, la priorité est au repos, au repos et au repos.
C’est aussi le bon moment pour prendre un peu de recul sur la course assez particulière qui m’attend le 28 avril prochain.
The Transat CIC : késako ?
Je pensais avoir un assez bon esprit de synthèse pour pouvoir vous résumer en 1 phrase cette course à la fois très ancienne et très méconnue. Mais je vais tout simplement reprendre la formule utilisée par notre entraîneur Tanguy Leglatin dans son brief de préparation : “cette transat, c’est un ultra-trail mécanique et mental”. Au futur trailer professionnel que je suis (même si dernièrement j’ai eu le Strava un peu timide), l’expression a fait mouche !
Alors pourquoi donc cette formule ?
Nous serons contre le vent : à l’inverse de toutes les autres courses transatlantiques, The Transat se fait statistiquement à 90% contre le vent. Au lieu de faire route par le sud de l’Anticyclone des Açores poussés par le vent, nous serons probablement obligés, pour rejoindre New-York, de naviguer dans le Nord de l’Anticyclone et donc contre les vents dominants !
Il peut y avoir du mauvais temps jusqu’à la toute fin : à l’inverse des routes classiques vers les Antilles où une fois que le Cap Finisterre est passé le pire est souvent derrière nous, nous naviguerons cette fois tout droit vers là où naissent les dépressions. Jusqu’aux dernières heures de course il peut y avoir de forts coups de vent et il faudra garder le bateau en bon état jusqu’au bout.
La mer va être immonde : levée par les tempêtes qui balaient l’Atlantique Nord et excitée par les forts courants du Gulf Stream et du Labrador, la mer est très désordonnée avec statistiquement des vagues de plus de 6 mètres 10% du temps (sur la zone médiane du parcours, cela s’empire très vite lorsqu’on va vers le Nord). Personnellement, des vagues de 6 mètres, je ne suis pas sûr d’en avoir déjà vues !
Il va faire froid : le courant du Labrador qui descend du Nord amène de l’eau très froide, à quelques degrés seulement (et aussi … quelques gros glaçons). Lorsque cette eau froide et son air froid rencontrent les eaux plus chaudes du Gulf Stream, cela crée des bancs de brume épaisse et du vent très fort - simultanément. Pour cette raison, l’organisation nous interdira d’aller trop Nord et nous imposera une zone des Glaces interdite à la navigation. Je sais pas vous, mais moi, c’est la première fois que je fais une course où je dois éviter des icebergs !
Nous serons en solitaire - mais ça, au moins, je connais ! Il s’agira de ma quatrième transatlantique en solitaire (hors celles réalisées sur Virtual Regatta). Sur cette course plus que toutes les autres, il va probablement aller chercher très loin les ressources mentales au fond de soi pour rejoindre New York. Si tout se passe bien, il y en a pour environ 12-16 jours de course !
A ce stade vous vous demandez peut-être pourquoi je me suis inscrit à cette course - et parfois moi aussi…
Ceux qui suivent un peu l’actualité des Class40 remarqueront qu’on avait le choix entre The Transat et la Niji401, dont le départ a été donné dimanche depuis Belle-Ile en Mer et vers Marie-Galante, sous le haut parrainage de Laurent Voulzy (véridique!) - une transatlantique classique, au portant, et en équipage. Franchement, ça donnait bien envie ! Mais je m’autorise parfois à rêver de Vendée Globe et, dans un parcours de préparation à cette épreuve ultime, la Transat CIC est un exercice bien plus intéressant. Disons que malgré la difficulté qu’elle représente, la course permet d’engranger des points d’expérience précieux !
Il y avait cette histoire de Vendée Globe, et le fait qu’une arrivée de course devant la Statue de la Liberté, c’est quand même vraiment trop la classe.
En 2016, quelques mois seulement après notre Mini Transat, mon acolyte Edouard Golbery participait à The Transat en Class40. Il en a étonné plus d’un en finissant 4e de cette course alors que personne ne l’attendait aux places d’honneur. Alors que je lui donnais un coup de main pendant sa préparation, je me disais que pour rien au monde je ne prendrais sa place. A côté de mon Mini 6.50, le Class40 me paraissait trop grand, trop dur et trop physique. Et l’Atlantique Nord ressemblait déjà pas mal à ce que je vous ai exposé plus haut. J’étais bien loin de m’imaginer mener un Class40 en solitaire sur un tel terrain de jeu. Quelques 8 années plus tard, je n’ai pas beaucoup moins peur, mais au moins je me sens prêt, à bord d’un bateau que j’ai apprivoisé. Cela montre le chemin fait depuis !
Vous l’aurez compris plus haut, il reste aussi beaucoup de chemin à parcourir avant d’aller pouvoir commander une grande pinte de bière fraîche café au Café Joyeux de New York qui a ouvert ses portes le 21 mars dernier sur Lexington Avenue. J’ai regardé, et c’est direct en métro depuis la marina de Brooklyn, où sera amarré le bateau. Pas sûr que j’enlève le ciré et les bottes avant d’y aller ! Je n’ai pas hissé les voiles que j’ai déjà hâte.
Qui sont nos adversaires ?
J’ai parlé du parcours mais pas de nos adversaires ! Voici le trombinoscope :
Face à nous2 sur cette course, 12 concurrents et une sacrée grappe de rockstars. Parmi nos adversaires on compte notamment un vainqueur du Vendée Globe (Vincent Riou), deux vainqueurs de la Mini Transat (Ambrogio Beccaria et Ian Lipinski qui compte 2 étoiles sur le maillot), un vainqueur de la Volvo Ocean Race (Fabien Delahaye), un double champion du monde de ski freeride (Aurélien Ducroz) - même si OK, cela n’a rien à voir - et les habituelles têtes d’affiche que vous commencez à bien connaître aussi (Axel Tréhin, Alberto Bona, Amélie Grassi, entre autres). Et la surprise pourrait aussi venir d’ailleurs ! Face à ce plateau ultra-relevé je ne rougis pas, je n’ai pas moins de raisons de gagner que les autres, je dis juste qu’il y a du niveau !
(PS : A noter la présence d’une seule femme parmi les concurrents au départ en Class40, Amélie, et quand bien même elle a assez de mental pour 2, une seule femme, c’est bien trop peu !).
Sur ces belles paroles je rends l’antenne, et je vous dis à très bientôt sur les pontons de Lorient, ou bien en outre-Atlantique ! Vous l’aurez compris, on est chauds comme des grains de café torréfiés, place maintenant au repos avant le grand saut ! Plus que 18 dodos.
A très vite,
Nico
Les aventures du bateau Café Joyeux sont rendues possibles grâce au soutien de nos mécènes, notamment Accor et Fibus. Un grand merci à eux de nous soutenir et de faire valoir les belles valeurs de l'inclusion.
Nous cherchons un troisième mécène de premier plan pour compléter l'équipage : entrez en contact et aidez nous à le rencontrer !
La cartographie de la Niji est à suivre ICI. Si vous ne savez pas qui encourager, hésitez entre Erwan le Draoulec (sur Everial) et Jean Marre (sur Acrobatica) et Amarris car ce sont mes experts comptables.
Habituez vous : quand je suis tout seul en bateau je parle souvent de “nous” ou “on”. Ce n’est pas un “Nous” de majesté : en général, c’est uniquement pour se sentir moins seul, et parfois c’est aussi parce qu’on est plusieurs dans ma tête.