Les semaines se suivent et se ressemblent. J’ai plus ou moins déménagé à Paris la semaine et grâce à votre aide j'arrive à décrocher pas mal de rendez-vous, dont certains prometteurs 🤞 ! Et je rentre passer mes weekends en Bretagne, un peu comme avant, finalement !
Ma vie en ce moment se résume à gonfler un matelas. Au début on pompe, et le matelas ne bouge pas. On nous demande “ça marche, ça avance comme tu veux?”, on répond “oui!” avec enthousiasme et sincérité, mais sans vraiment pouvoir le prouver. On n’y est pas encore, mais à un moment ces prochaines semaines / mois, le matelas va commencer à bouger, et alors très vite il prendra sa forme, alors que moi j’aurai toujours pompé au même rythme.
Une autre façon de l’expliquer, c’est de dire que les cycles de “vente” sont très longs dans mon corps de métier, mais bon vu comme ça, c’est beaucoup moins drôle.
“Lancer un projet Vendée” (pour les nuls) 🤓
J'étais à l’instant invité par Grégoire du Penhoat à intervenir dans son émission “Vent Débrief”, diffusée en live sur YouTube.
Il m’a proposé d’expliquer “comment monter un projet Vendée”. Vaste sujet, et pas mal intimidant ! Bien embêté, j’ai commencé par préciser que je pouvais seulement partager ma façon de m’y prendre - certains font sûrement mieux ! -, qu’il n’y avait pas de recette magique, et que je n’avais pas (encore) la preuve matérielle que ma méthode fonctionnait. Mais j’ai confiance ! La suite de l’échange est à retrouver en cliquant sur ce LIEN.
Ne tardez pas : il y a aussi une analyse météo pointue de la situation météo actuelle par Christopher Pratt (valable pour une durée limitée) et un décryptage de Yann Riou, navigateur et médiamat de renom, sur les tendances des contenus envoyés par les skippers. C’était un moment très enrichissant, comme toujours avec Grégoire !
"La vertu est dans le juste milieu entre le défaut et l’excès." 💭
C’est ce qu’affirmait Aristote dans l’Éthique à Nicomaque. Mais avait-il vraiment mesuré l’ampleur de ce qui s’était passé un siècle plus tôt, quand l’un de ses compatriotes ouvrait la porte du monde de l’ultra-trail en terminant le premier marathon de l’histoire, inventant au passage le concept de “Finisher” ? Non, bien sûr que non. Ce que ce brave soldat athénien nous a si bien démontré (et à quel prix) c’est qu’en course à pied, vertu et excès se confondent pour ne faire plus qu’un.
C’est précisément dans cet état d’esprit que je me suis lancé le weekend dernier sur le Menestrail, résumé par le scabreux triptyque : “la nuit, le vent, la boue”. Un premier avertissement que, aveuglé par ma propre inconscience, je n’ai pas su voir. Plusieurs parcours étaient proposés (de 14 km à 100 km) mais comme je m’y suis pris trop tard pour les inscriptions, il ne restait que des dossards pour le 100 km, une édition “spécial 25 ans”. Là où beaucoup auraient tenté de comprendre pourquoi seule cette distance restait miraculeusement disponible, j’en suis resté à ma propre compréhension d’Aristote et pris mon dossard sans me poser plus de questions.
Quelques jours plus tard, prenant progressivement conscience de la bêtise que j’avais commise, j’appelais à la rescousse deux camarades de la Mini Transat 2019, Matthieu Vincent et Lauris Noslier, jamais les derniers à mettre leurs cerveaux de côté – une compétence au demeurant assez largement répandue parmi les ex-ministes. Respectivement 18 minutes et 20 heures plus tard, sans vraiment avoir eu besoin de déployer d’argumentaire, Matthieu et Lauris prenaient à leur tour leurs dossards. C’est dans ces moments-là qu’on reconnaît ses vrais amis… ou les moins intelligents.
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Un temps inquiétée par les autorités préfectorales en raison du passage de la tempête Darragh, l’organisation a finalement décidé de “prendre ses responsabilités” – terme bien à la mode. Le départ a donc été donné en pleine alerte orange "vents violents", à 1h du matin, samedi dernier. Comme quoi on n’exerce pas tous ses responsabilités de la même façon ! À cette heure improbable, 270 coureurs s’élançaient avec nous dans la nuit, éclairés par la lueur vacillante des frontales. À partir de là, tout s’est déroulé exactement comme prévu : ça a été un enfer de froid, de pluie, de vent et de boue. On a même eu droit à la grêle !
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Quelques seize heures d’effort plus tard, Lauris et moi franchissions la ligne d’arrivée, presque une heure après Matthieu. Nous terminons 116e et 117e (soit dans la première moitié !). Derrière nous, il n’y a que trois personnes : tous les autres coureurs ont soit abandonné, soit ont été retenus par les barrières horaires. Il faut dire que nous avons frôlé la disqualification toute la journée, franchissant les trois points de ravitaillement respectivement 30, puis 15, et enfin seulement 3 minutes avant qu’ils ne ferment.
Globalement, il faut reconnaître qu’on n’a pas passé un super moment. On est allés puiser loin dans nos ressources pour finir dans les temps : ce n’est pas agréable, mais c’est toujours des points de mental gagnés pour la suite. Et vu le programme, ça pourra servir… mais ailleurs, car je ne m’inscrirai plus jamais à cette course !
Mais quelque part nous avons repoussé la limite de l’excès, et je suis sûr qu’Aristote serait très fier de nous.
Ma tournée des Cafés Joyeux continue ! ☕
Trois jours après le Menestrail, entre un rendez-vous à Saint Lazare et les bureaux de Café Joyeux à Pont Cardinet, il y avait plus de kilomètres que mon corps ne pouvait parcourir en une seule fois. J’ai trouvé sur mon chemin le point de ravito le plus joyeux que je pouvais trouver : le comptoir Café Joyeux des Batignolles !
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Je vous aide à décoder les communications du Vendée Globe (épisode 2) 😂
Cela vous a beaucoup plu la dernière fois, et moi, ça me fait bien rigoler… Voici un deuxième lot de “paroles du large” : ce que disent les skippers… et ce que cela signifie vraiment. Après, ce que je vous dis est peut-être faux, mais c’est ce que je lis, moi, entre les lignes !
“Je suis sous-toilé car il ne faut vraiment pas se faire surprendre” = Je me suis fait surprendre et j’ai failli tout casser, donc j’arrête les bêtises maintenant.
“Je la joue safe, je suis lent mais c’est important de préserver la machine” = J’ai déjà tout cassé, donc je ralentis pour pouvoir réparer la machine.
“Pas de problème majeur sur le bateau, juste des petites bricoles” (Nicolas Lunven) = Même si j’avais des problèmes majeurs, je ne vous le dirais pas, car je n’ai pas envie que mes concurrents le sachent.
“Tout va bien à bord de Lazare, il fait beau, ça fait du bien !” (Tanguy le Turquais) = J’ai déchiré 3 voiles en 3 jours, dont l’une est HS pour le reste du Vendée Globe. Une personne normalement constituée serait au fond du seau, mais moi, je suis Tanguy le Turquais, et même en mettant tout l’effort du monde, je n’arriverai jamais à voir le négatif dans une situation.
“Peu importe si tu as pris la bonne ou la mauvaise décision, ce qui compte, c’est que tu sois persuadé d’avoir pris la bonne” (Benjamin Ferré) = J’ai pris la mauvaise décision.
“Je prends mon pied, j'en profite tous les jours ! Je vis mon rêve !” (Denis Van Weynbergh) = Je prends mon pied, j'en profite tous les jours et je vis mon rêve ! (Denis dit souvent ce qu’il pense vraiment).
“Cette dépression m’inquiète un peu.” (Sébastien Simon) = Je suis sur le point de me faire détruire physiquement, moralement et mécaniquement, mais je ne peux pas vraiment l’exprimer aussi crûment.
“J’essaie de pas trop regarder les bateaux autour de moi” (Damien Seguin) = Mes copains sont dans le groupe de devant, qu’est-ce que je fais ici avec ces nazes ?
“Sur le Vendée, j'appelle ma femme une fois par jour” (Jean le Cam) = Je parle plus à ma femme quand je suis en mer qu’à terre.
“C’est sympa mais il y a un peu d'eau sur le pont” (Benjamin Dutreux) = Mon bateau passe davantage sous les vagues qu’au-dessus des crêtes tellement je suis à fond.
“Ça va être dur mentalement” (Sébastien Simon) = Je suis déjà au fond du trou, et quand je pense qu’il reste encore 2 mois de course, ça me déprime encore plus.
Un peu de poésie dans ce monde de brutes 😇
Je finis en vous partageant cette photo envoyée par mon copain Sam Goodchild depuis le fin fond de l’océan indien.
Que voit-on ? De l’harmonie, de la beauté, une palette de bleu, de gris et d’écume. On ressent la menace des nuages, la puissance des éléments combinés et la violence du rythme imposé par les bateaux en tête de course. On se sent aussi privilégié de pouvoir figer son regard sur un paysage où l’homme n’a pas sa place, si bien qu’il n’est toujours que de passage.
On se demande aussi si on souhaiterait vraiment être a la place de Sam. “Oui, mais non, mais oui, enfin je crois, mais en tous cas pas tout de suite”.
Ne pas lutter contre la nature, mais composer avec : quand on regarde la photo, une fraction de seconde suffit à comprendre que les éléments gagneront toujours.
La photo de Sam m’a immédiatement rappelé la meilleure explication de ce qu'est la navigation dans le gros temps. Si vous ne la connaissez pas, elle est de Victor Hugo :
La mer, compliquée du vent, est un composé de forces.
Un navire est un composé de machines.
Les forces sont des machines infinies, les machines sont des forces limitées.
C’est entre ces deux organismes, l’un inépuisable, l’autre intelligent, que s’engage ce combat qu’on appelle la navigation.
Victor Hugo, Les Travailleurs de la mer (1891)
Si on en est à ressortir les classiques de la bibliothèque du salon, c’et qu’il est temps de rendre l’antenne. Merci d’avoir lu jusqu’au bout, à bientôt ☃️!
Nico