Drheam Cup - Un Top 10 pour HappyVore !
Je vous présentais la Drheam Cup comme une répétition générale avant le Rhum, et bien on a été servis ! Du vent assez soutenu, du portant, de la mer formée et beaucoup de retournements de situation… Et un résultat honorable dans le Top 10 pour mon bateau et moi au terme de 5 jours de course ! Si jamais le Rhum nous sourit autant on sera très heureux !
Beaucoup de positif !
Commençons par le positif et par le début : j’ai pris un excellent départ ! Je fais l’effort de gréer le gennaker pour le tout premier petit bord entre la ligne de départ et la première bouée de dégagement, même si le bord ne fait qu’un petit mille. La manœuvre d’envoi de spi à la bouée est du coup un peu plus compliquée et je perds une partie de mon avance a cause de ça mais au moins je me mets devant, et mentalement cela fait du bien ! Les départs me réussissent bien cette année, aurais-je réussi à dompter mes démons ?
Devant presque toutes les stars du circuit à la bouée de dégagement !
Nous mettons ensuite le cap vent de travers vers l’angleterre pour une transmanche express, au travers dans du vent assez soutenu. Le départ avait été donné vers 13h et nous arrivons sur les côtes anglaises bien avant l’heure de l’apéro ! Cela a été très vite, même pour mon bateau qui n’est pas vraiment optimisé pour ce genre d’allure. Grâce à l’entraînement j’ai réussi à gommer une partie du déficit dans ces conditions, et je m’en félicite ! Et mon coach aussi m’a félicité donc c’est vraiment très positif.
Un autre moment clé qui m’a plutôt réussi a été la descente (sportive) d’Irlande vers la France. Le vent a soufflé à plus de 30 nœuds pendant presque 18h, levant une mer courte et particulièrement atroce. Je n’ai pas lâché la barre pendant presque 10h le temps que le vent le plus fort passe car le pilote n’aurait pas tenu. Évoluant sous petit spi (comptez quand même 140m2) j’ai fait des pointes de vitesse jusqu’à 25 nœuds, c’était assez grisant ! J’en profite pour briser un mythe : les marins vous parlent souvent de leurs pointes de vitesse mais négligent parfois de vous parler des creux de vitesse. Or, la vérité c’est qu’au bout d’un surf à 25 nœuds se cache très souvent un planté de -15 nœuds où la quasi-totalité du bateau passe sous l’eau ce qui baisse sensiblement la vitesse moyenne du bateau. Et augmente fortement le taux d’humidité à bord ! La casquette de mon cockpit est assez haute (je tiens presque debout dessous) et pourtant plus d’une fois les vagues parcouraient l’intégralité du bateau depuis l’avant pour venir se déverser par-dessus dans le cockpit (et dans mon ciré…).Sans trop de surprise, la casse matérielle n’a pas épargné les bateaux et de nombreux concurrents ont dû gérer des spis déchirés ou des safrans arrachés et j’en passe. Mis à part le taquet de mon amure de spi qui a brutalement cédé sous la charge (ravi, mon spi a décidé de profiter au maximum de ces quelques instants de pure liberté le temps que je trouve une solution) je n’ai aucune casse à déplorer, c’est plutôt bon signe pour ma préparation au Rhum !
Encore du travail avant le Rhum
Un joli lever de soleil ca remonte toujours le moral en mer !
Étrangement j’ai peiné sur cette course sur les tronçons qui sont supposés être les points forts du bateau. C'est-à- dire les bords de vent arrière dans 15-20 nœuds. D’abord le long de la côte sud anglaise puis entre la pointe Bretagne et le plateau de Rochebonne. Comment l’expliquer ? En toute honnêteté je dois avouer que je n’étais pas très inspiré en tactique et que j’ai surtout tiré les mauvais bords. Quand ça passait à gauche j’étais à droite (et inversement) et quand ça passait au Sud j’étais plutôt au Nord (et inversement). A l’arrivée vers Rochebonne j’ai aussi manqué de prudence et me suis fait surprendre par une vilaine bascule qui n’était pas prévue au programme. Il y a des jours avec et des jours sans, je crois que sur ces tronçons là j’ai plutôt fait sans ! Je vais aussi me risquer à dire que mes 2 spis qui sont le moteur du bateau au vent arrière commencent à accuser un peu le coup. Ils ont déjà un certain nombre d’heures à leur actif et ont été déchirés et réparés plusieurs fois chacun. J’en aurai bientôt des nouveaux pour la Route du Rhum, espérons que cela m’aide à avoir un peu plus la speed la prochaine fois !
J’ai eu un peu de réussite à l’approche du Fastnet car les premiers bateaux ont été bloqués au phare par une bonne zone de molle ce qui m’a permis de les rattraper. Au bout de 2 jours de course les compteurs ont été remis à 0 pour le passage du Fastnet. Au moment où je passe le phare je pense que j’avais au moins 10 bateaux en visuel !
Passage du Fastnet bord à bord avec Amélie ...
... et 10 autres bateaux au coude à coude !
Les requins sont nos amis et nous sommes chez eux
Une rencontre pour le moins inattendue en mer d'Irlande !
Ne jamais oublier que nous ne sommes pas chez nous en mer ! Sur la route de l’Irlande j’ai croisé la route d’un requin qui devait dormir profondément lorsqu’il s’est pris ma quille à 10 nœuds dans les abdominaux. Le pauvre animal a dû se réveiller un peu brutalement mais heureusement j’ai remarqué sa présence assez vite (le bateau allait presque 1 nœud moins vite). J’ai pu ralentir et il s’est dégagé sain et sauf. J’avoue avoir un peu pesté contre lui sur le moment - j’ai quand même perdu 2 précieux milles dans l’histoire - mais après tout c’est moi qui suis passé chez lui et pas l’inverse. Désolé, pauvre requin, je ne le referai plus !
Dernière ligne droite jusqu’au Rhum
Tout s’est pas mal enchaîné depuis la remise à l’eau du bateau au mois de mars. J’ai parcouru plus de 6000 milles nautiques sur le bateau au total avec beaucoup de courses, de convoyages, d'entraînements et de nuits en mer… J’ai un peu honte de dire que j’ai besoin de vacances - car mon nouveau métier ressemble étrangement à mes anciennes vacances - mais on va dire qu’une petite pause s’impose !
Avec Léo (qui lui aussi a bien mérité ses vacances, plus que moi) on va faire quelques travaux sur le bateau d’ici la fin du mois d’août pour réattaquer les navigations au mois de septembre. Mi-septembre nous nous alignerons sur l’ultime épreuve de préparation qu’est la 40’ Malouine, un mélange de solitaire et d’équipage au départ de Saint Malo. Puis ça sera l’entrée du tunnel vers la Route du Rhum, départ le 6 novembre !
Vous avez remarqué comme moi que le côté tribord du bateau est toujours vierge. Je me démène pour y remédier et j’espère pouvoir vous annoncer de bonnes nouvelles très bientôt !
Je souhaite à tous un excellent été !
Nicolas
PS : Je vous écris en direct de Lisbonne, sur la route des Açores. Je m’en vais attendre Victoire qui est en train de boucler la première étape de la course Les Sables - Les Açores en solitaire. Si vous avez perdu le lien vers la cartographie c’est ICI. J’ai n’ai pas peur de trahir ma partialité en disant qu’elle fait une super course, une super trajectoire et qu’elle est décidément très très forte !